L'éradication des espèces exotiques envahissantes (EEE) est souvent proposée pour restaurer les écosystèmes envahis. Bien que les fourmis jouent des rôles écologiques majeurs, leur réponse à l'éradication des EEE a été peu étudiée. Cette étude a examiné la réponse des fourmis à l'éradication des Carpobrotus spp. et du rat noir (Rattus rattus) sur la petite île méditerranéenne de Bagaud (Var, France). Les communautés de fourmis ont été surveillées sur une période de dix ans, y compris deux ans avant les éradications, sur six sites différents : deux envahis par les Carpobrotus, deux sous forte pression des rats et deux sites de végétation native sans intervention. Nous avons observé des variations interannuelles dans les communautés de fourmis mais aucune tendance avant-après éradication sur les sites de végétation native et d'éradication des rats. Cependant, il y a eu une augmentation nette de la richesse en espèces de fourmis et du score d'abondance après l'éradication des Carpobrotus. Un noyau d'espèces méditerranéennes communes, dont Pheidole pallidula, Messor bouvieri, et Plagiolepis pygmaea, a augmenté son activité de fourragement après l'éradication. En tant qu'espèces xérophiles et thermophiles, elles bénéficieraient du retour de la végétation native avec des conditions microclimatiques possiblement plus chaudes et plus sèches, mais aussi de la diversification des habitats et des ressources. La tendance était encore plus marquée sur la zone d'éradication des Carpobrotus la plus dense et la plus épaisse. Nos résultats soulignent l'importance de surveiller les fourmis pour évaluer l'efficacité de telles stratégies de restauration et de conservation.